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Le Zen, une culture qui défie le temps

Par Satarupa Bhattacharjya et Qi Xin(China Daily) 28-10-2016

Le Zen, une culture qui défie le temps
Des moines de Shaolin pratiquent des exercices de kung-fu au sein du temple Shaolin. [Zhu Xiang/Xinhua]

Le Zen, une culture qui défie le temps

Zhao Wenzhuo, une vedette de cinéma chinoise, exécutant des figures de kung-fu à la Pagoda Forest du temple Shaolin en Chine centrale. [Chen Wei/For China Daily]

Diya Chalwad, une écolière de 10 ans venue de la ville de Bombay sur la côte ouest de l'Inde, dit que c'est de la gymnastique qu'est né son intérêt pour le kung-fu. En démontrant fièrement ce qu'elle a acquis, elle précise qu'elle restera sur place jusqu'en février. Ayant le bon âge pour apprendre le kung-fu, elle est la plus jeune stagiaire étrangère participant à un programme de résidence à Shaolin cette année.

Son cousin Harsh Verma, venu d'Inde lui aussi, était là depuis 18 mois. Ancien footballeur dans l'équipe junior de l'AC Milan, il se rend désormais dans d'autres parties de la Chine pour faire des démonstrations de kung-fu avec les moines de Shaolin. « Je voulais aller dans un endroit mêlant l'entraînement physique et la formation mentale », explique Verma, 24 ans, pour justifier son choix.

Les séances d'entraînement sont rigoureuses et pour les femmes, elles peuvent être dures physiquement, mais le résultat final de la formation est déterminé par l'attitude de chacune. C'est ainsi que Daniela Murillo, une Costaricaine de 26 ans, voit les choses. Cette enseignante de kung-fu originaire de San Jose, la capitale de son pays, a récemment suivi un stage court à Shaolin. « Nous repartons d'ici avec une bonne dose de fondamentaux » (en matière de kung-fu), indique-t-elle.

En 2002, Shaolin a créé un bureau indépendant pour répondre à la demande étrangère en études relatives au kung-fu, fait savoir M. Wang, qui supervise cette division. Il existe aujourd'hui des centres Shaolin aux États-Unis, en Grande-Bretagne, dans d'autres pays européens, en Australie et au Sri Lanka. Le temple n'a pas d'autres projets d'expansion à l'étranger, précise-t-il.

Si le kung-fu a dernièrement perdu de son influence sur la culture populaire, en particulier le cinéma, par rapport à son pic des années 1970, quand le défunt acteur hongkongais Bruce Lee, né aux États-Unis, le rendit célèbre, Shaolin s'est imposé dans l'histoire moderne comme une des premières sources d'exportation de « soft power » chinois.

L'ordre qui en est la colonne vertébrale compte 300 moines dirigés par l'abbé Shi Yongxin, auprès duquel une demande d'entretien a été rejetée par son bureau. L'abbé est à la barre de Shaolin depuis 1999.

Le monastère sélectionne de jeunes Chinois venant de différentes parties du pays par le biais d'un test donnant accès aux programmes de résidence liés à l'étude du kung-fu et du bouddhisme. Institution représentant l'élite du pays en matière d'arts martiaux, Shaolin s'appuie plus fortement que d'autres sur les aptitudes décelées au cours de l'examen des étudiants pour attribuer les quelques places dont elle dispose par rapport aux autres écoles de kung-fu, dont les douzaines d'établissements que comprend le Henan dans ce domaine.

Le monastère encourage les maîtres et les disciples à observer un style de vie emprunt de discipline dont est exclue la consommation d'alcool et de viande. Le mariage des moines n'est pas non plus autorisé.

« C'est notre destin qui nous a conduits ici », dit Shi Yanfeng, 27 ans. Ce moine originaire de la province de l'Anhui est arrivé à Shaolin à l'âge de 15 ans. Maintenant qu'il en est l'un des professeurs, il se rend parfois à l'étranger pour les manifestations de kung-fu données par l'école.

Autour de Shaolin, une quarantaine d'écoles d'arts martiaux prospèrent à Dengfeng depuis les dernières décennies, le Groupe éducatif de Tagou étant la plus importante organisation. Fondé en 1978 par le maître Liu Baoshan, il a monté sa première école à moins de 1 000 mètres de Shaolin et en compte actuellement six dans toute la ville.

Aujourd'hui âgé de 85 ans, M. Liu déclare que pour réaliser à la perfection untao lu, c'est-à-dire la technique de base du kung-fu, il convient de suivre la routine de près et de tout son cœur. Il en a acquis les aptitudes auprès de son père et de son grand-père. Ses écoles regroupent 35 000 étudiants parmi lesquels le rapport garçons-filles est de 10 contre une. Nombre de ses anciens élèves enseignent les arts martiaux aux forces armées et à la police chinoises.

Sur l'un de ses campus qui s'étendent à perte de vue, on peut voir des centaines de garçons et de filles en tenue rouge et noir pratiquer des sauts périlleux et d'autres exercices de kung-fu. Si les arts martiaux étaient une activité à forte dominante masculine, les femmes y prêtent une plus grande attention ces jours-ci. Selon Guo Xiyu, 20 ans, qui enseigne le kung-fu à Tagou, les raisons en sont variables : « certaines femmes veulent rester en bonne santé, d'autres, perdre du poids ».

Pour des analystes tels que Hong Hao, de l'Université du Henan, le Kung-fu de Shaolin est devenu un symbole de « confiance en soi nationale », et les écoles publiques tentent de faire renaître l'engouement pour les arts martiaux dans le pays.

Dans une cour de Shaolin, Chen Hao, 35 ans, est assis à l'ombre d'un gros arbre en tenant dans un de ses bras un petit enfant. Il gère une entreprise de décoration intérieure à Luohe, une ville ayant rang de préfecture également située dans le Henan. Il s'était déjà rendu au temple avec des amis, et cette fois, il y est revenu en famille. « Le kung-fu m'a aidé à comprendre que pour que quelque chose marche », dit-il, « il ne faut rien lâcher ».

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