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Le Zen, une culture qui défie le temps

Par Satarupa Bhattacharjya et Qi Xin(China Daily) 28-10-2016

Le Zen, une culture qui défie le temps

Le 11ème Festival international des arts martiaux de Shaolin est tenu à Zhengzhou, capitale de la province du Henan, du 16 au 20 octobre. [Provided to China Daily]

Le Zen, une culture qui défie le temps

Des stagiaires étrangers participent à une cérémonie pour prier de la bonne chance et de la paix mondiale au sein du temple Shaolin. [Qiu Qi/For China Daily]

Une tradition multiséculaire perdure dans le monde mystique du temple Shaolin et son influence va au-delà pour s'étendre à la société moderne.

À l'intérieur d'une grande salle du fastueux établissement situé en Chine centrale, le décor est planté à Shaolin. Les arceaux lumineux sont allumés et quelques chaises disposées en une rangée parfaitement alignée. Les personnes présentes font entendre le bourdonnement collectif de leurs voix. De jeunes moines au crâne rasé et en tunique grise sont rassemblés dans un coin de la salle.

Au dehors, les grosses averses qui sévissent en cet après-midi balaient les arbres d'un complexe sur lequel repose une histoire estimée vieille de 1 500 ans. Un ruisseau se jette bruyamment dans une rivière au pied du mont Songshan.

La salle est plongée dans un calme soudain au moment où les portes sont grand ouvertes pour permettre à l'abbé Shi Yongxin de faire son entrée. Une délégation d'une école japonaise d'arts martiaux et une douzaine d'autres visiteurs le suivent sur le devant de la scène. Une fois l'abbé et ses principaux invités assis pendant que les autres restent debout, la démonstration de kung-fu commence.

Trente des moines de Shaolin les plus performants déploient leur savoir-faire, fendant l'air avec leurs poings et leurs pieds. Un groupe de stagiaires étrangers se joint à eux. Mais contrairement aux films tournés à Hong Kong et à Hollywood, aucune musique n'accompagne la vivacité de leurs mouvements. Les pratiquants n'émettent que quelques-uns des sons caractéristiques du vocabulaire propre auwu shu(les arts martiaux).

Le spectacle présenté à Dengfeng, une ville qui a rang de comté dans la province du Henan, fascine les spectateurs, qui s'exclament pour le plus grand plaisir des moines résidents.

Mais quelle est la portée de cette ancienne culture au-delà des portes du temple Shaolin et de son monastère ?

Pour les principaux responsables de l'établissement, les étudiants, les touristes et les représentants de l'école d'arts martiaux de Tagou à Dengfeng, Shaolin continue d'avoir une grande influence dans le monde d'aujourd'hui.

La discipline, qui combine le bouddhisme Zen chinois et les arts martiaux, est censée avoir été lancée par un moine indien du nom de Bodhidharma venu dans le Henan au VIème siècle. Le temple le désigne comme le premier des six « patriarches » de l'ordre monastique.Chan, le terme chinois pour Zen, vient du mot sanskritdhyanaou « méditation ».

L'institution a connu une période florissante dans la Chine impériale, en particulier sous la dynastie Tang (618-907 de notre ère), mais le kung-fu a été interdit au cours de la dynastie Qing (1644-1911), la royauté ayant craint un coup d'État de la part des « moines guerriers ». Puis, à l'époque de la République de Chine, le temple a été incendié en 1928 par un seigneur de guerre. Shaolin a encaissé un nouveau choc pendant la « révolution culturelle » (1966-1976).

Sa renaissance est intervenue au cours des années 1980 et 1990 dans le sillage des réformes économiques de la Chine. Les bâtiments furent reconstruits à l'aide de dons privés et de subventions gouvernementales.

« Shaolin se fait l'avocat de la santé, de la justice et de la sagesse », dit Wang Yumin, qui dirige le bureau des affaires étrangères du China Songshan Shaolin Temple, ajoutant que la culture est transmise de génération en génération. « Le temple peut être détruit mais pas son esprit », souligne-t-il en évoquant le fait que Shaolin a traversé les âges et survécu.

Depuis qu'il a visité le temple – une première pour un dirigeant étranger de premier plan – en 2006, le président russe Vladimir Poutine est devenu sans le savoir un ambassadeur de Shaolin. Des marchands affichent des photos de lui à l'entrée du bâtiment dont la façade bordée de lichen est recouverte, dans sa partie supérieure, par des figurines représentant des animaux. Sur les 72 techniques de base en matière de kung-fu, certaines imitent les mouvements de cinq animaux différents.

Nombreux sont les étrangers à s'inscrire à Shaolin chaque année pour apprendre le kung-fu. Ils déboursent environ 6 600 yuan (884 euros) par mois, la pension complète comprise, pour des cours dont la durée peut être de quelques semaines ou de quelques années. Mais l'une des principales sources de revenus pour l'établissement, c'est le tourisme qui lui rapporte environ 250 millions de yuan (33,4 millions d'euros) par an.

La plupart des étrangers ont en général une vingtaine d'années et viennent avec des connaissances du kung-fu acquises dans leur pays d'origine. Les femmes constituent un faible pourcentage des étudiants internationaux. On considère qu'il faut s'entraîner régulièrement pendant au moins cinq ans pour parvenir à un degré d'aptitude adéquat dans la discipline.

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