Participant au rallye d’endurance entre Pékin et Paris, le Britannique Douglas McWilliams (à droite) en compagnie de son frère Mike et l’épouse de ce dernier, Rowena, devant leur Bentley S1 de 1958 au Shangri-La Hotel à Pékin le 1er juin. [Wang Chengmeng/China Daily] |
Plus de 200 passionnés de l’automobile venus des quatre coins du monde se sont mis au volant de leurs voitures de collection, dont des Bentley, des Porsche et des Alfa Romeo, à Pékin au début du mois, prêts à se lancer sur un parcours d’endurance épique entre la capitale chinoise et Paris.
Le rallye de 36 jours, considéré comme l’un des plus âpres défis automobiles au monde, s’étend sur environ 13 000 km et traverse plus de 10 pays sur le continent asiatique et l’Europe continentale, y compris le rude désert de Gobi et les grands espaces de Sibérie, rappellent les organisateurs de la manifestation.
Le premier rallye automobile reliant Pékin à Paris a été organisé en 1907 et s’est déroulé sur environ deux mois. Aujourd’hui dans sa septième édition, l’épreuve a conservé l’une de ses caractéristiques les plus frappantes – à savoir que les participants, ne conduisant que des voitures fabriquées avant la fin des années 1970, suivent la piste des pionniers du rallye et la trace des principaux sites fréquentés par les marchands caravaniers sur l’historique Route de la soie. Les véhicules sont équipés pour rouler sur des graviers, du sable, des routes de montagne et des plaines spectaculaires, les équipages ayant la chance de dormir sous des tentes et les étoiles dans les steppes mongoliennes.
Ce sont en tout 120 équipes de deux personnes qui relèvent le défi après avoir acquitté 70 000 dollars (62 108 euros) pour le seul droit de participation. Parties tôt le 2 juin de la Grande Muraille à la hauteur de Juyongguan, elles devraient entrer dans Paris le 7 juillet pour franchir la ligne d’arrivée sur la Place Vendôme.
Des groupes de soutien et de logistique sont présents mais les participants sont censés assurer l’entretien ordinaire de leur propre auto et stocker des pièces détachées importantes car les voitures, peu courantes, sont très différentes les unes des autres. Les distances journalières moyennes se situent autour de 400 km, mais elles peuvent aller jusqu’à 650 km.
Le Britannique Douglas McWilliams conduit sa Bentley 1958, modèle S1, avec son frère Mike McWilliams, un ingénieur spécialisé dans les énergies renouvelables et les systèmes de propulsion qui surveillera aussi l’état de leur voiture et effectuera les éventuelles réparations qu’elle nécessitera pendant le voyage. Les modifications apportées à la voiture de luxe portent sur un renforcement de la suspension, le remodelage de la boîte de vitesse et un nouveau filtre à air pour le moteur.
« Pour nous, le défi, c’est de faire traverser le désert de Gobi à une voiture comme ça, une Bentley, qui convient plus, sans doute, pour se rendre à l’opéra ou faire une virée dans Londres », a déclaré Mike McWilliams au journal China Daily lors d’un rassemblement des automobilistes au Shangri-La Hotel à Pékin. « La voiture a donc été préparée tout à fait spécialement pour le rallye ». La partie mongolienne de l’itinéraire est particulièrement difficile en raison de l’état des routes, selon lui.
Mis à part les obstacles évidents rencontrés en chemin, Douglas McWilliams, fondateur et président adjoint du cabinet conseil londonien Centre for Economics and Business Research, juge l’expérience importante car elle lui permettra de voir pour lui-même les régions qui seront concernées par le projet d’infrastructures et de développement mondial connu sous le nom d’Initiative Ceinture et Route (ICR).
Douglas McWilliams affirme qu’il évaluera lui-même le potentiel de ces régions lorsqu’elles seront reliées par de meilleurs réseaux de transport et bénéficieront d’installations commerciales améliorées. Il écrit un livre sur le rallye et l’ICR intitulé « Driving the Silk Road » (au volant sur la Route de la soie).
« Mike et moi, nous avons grandi en Malaisie et parmi les expatriés, le retour au Royaume-Uni par la route était un sujet fréquent de discussion. Nous avons toujours été très enthousiastes à la perspective de pouvoir le faire ».
Désormais, l’ICR et la Chine contribuant à l’élaboration d’infrastructures pour relier l’Orient et l’Occident, l’économiste estime qu’il sera en mesure d’établir des comparaisons entre les anciennes et les nouvelles voies d’échanges.
« Je suis fasciné par l’Initiative Ceinture et Route. Je crois que c’est l’initiative la plus importante jamais lancée en matière d’infrastructures », souligne Douglas McWilliams. « Le fait de pouvoir mettre en contraste le mode de voyage à l’ancienne, pour se rendre en Europe par la route, et les moyens de transport tout nouveaux que l’on crée maintenant, c’est une chance merveilleuse ».