Les Français Robin Tallendier (à gauche) et Wilfred Buiron ont lancé leur entreprise en Chine pour créer des montres faites dans le pays mettant en relief des éléments traditionnels et mythiques. [Zou Hong/China Daily] |
Deux jeunes Français ont monté leur propre marque de montre, comme pour se mettre à l’heure de la culture chinoise qu’ils vénèrent.
La passion de Robin Tallendier pour les montres chinoises s’est déclarée quand, à l’âge de 14 ans, il reçut de ses parents, en cadeau d’anniversaire, un chronographe Seagull fait à Tianjin.
Sept années plus tard le Français, aujourd’hui âgé de 23 ans, allait se faire entrepreneur produisant sa propre marque de montres fabriquées en Chine, de conserve avec son compatriote et partenaire commercial, Wilfred Buiron.
Le cadeau d’anniversaire avait fait naître chez Robin un intérêt pour les appareils d’horlogerie chinois et le jeune homme s’en était progressivement constitué une collection en les étudiant en ligne. Une autre rencontre fortuite avec un spécialiste horloger à Pékin en 2014 allait ouvrir un créneau encore plus grand.
« Je suis tombé sur Ron Good dans une bijouterie-horlogerie locale à Wangfujing » (Pékin), relate Robin en évoquant son voyage de vacances d’été en 2014 alors qu’il était étudiant à l’université de Warwick en Angleterre. Ron Good est un collectionneur de montres canadien qui gère un forum en ligne consacré aux montres chinoises et Robin a souvent lu les articles s’y rapportant.
Plus tard, le premier invita le second à un dîner en compagnie d’amis de la China Horologe Association (CHA), au cours duquel il fit la connaissance de Li Wei, collectionneur chevronné et expert de la CHA, qui présenta alors de nombreux fabricants de montres et de collectionneurs chinois à Robin Tallendier.
« Nous recherchions des moyens de populariser les montres chinoises dans le monde », explique M. Li en ajoutant qu’il était heureux de trouver un adolescent étranger ayant un intérêt aussi fort pour ces montres, qui représentaient vraisemblablement une variété peu connue en Occident.
Le modèle de montre Hao, au cadran blanc. [Provided to China Daily] |
« Nombreux sont les Occidentaux persuadés que les produits chinois sont de qualité inférieure. Et nombreux sont les fabricants de montres chinois qui n’ont pas la confiance nécessaire pour suivre leur propre voie, et qui imitent aveuglément la façon de faire des Suisses. Mais je comprends l’affection profonde que Robin éprouve pour la Chine et il a ses propres idées sur la culture ».
M. Li l’emmena dans de nombreux ateliers de fabrication majeurs dans toute la Chine. Cet été-là, « le petit Robin » se fit un nom dans le secteur. Il rédigea de nombreux blogues où il parlait de la Chine.
En 2015, il retourna dans le pays dans le cadre d’un programme d’échange d’un an à la Guanghua School of Management de l’université de Pékin. Un an plus tard, il devenait le plus jeune membre étranger de la CHA.
Après avoir rendu visite à d’autres horlogers pour se familiariser avec le milieu des affaires en Chine, Robin commença à considérer les montres comme quelque chose de plus qu’un hobby. Avec son ami Buiron, son camarade d’études à l’université de Warwick puis à celle de Pékin, il devint le cofondateur d’une entreprise de fabrication de montres.
« Les montres sont des produits complexes dans un design moderne », commente Wilfred Buiron. « Nous avions beaucoup réfléchi à des moyens de partager la culture chinoise en faisant en sorte, tout à la fois, qu’elle nous parle et qu’elle soit pertinente pour l’époque moderne ».
Âgé de 23 ans et né à Hong Kong, Wilfred est encore plus profondément enraciné dans la culture chinoise. Celle-ci, qu’il s’agisse de style de mobilier ou de céramique, a toujours eu une forte influence sur sa vie, affirme-t-il, bien qu’il n’ait appris le chinois qu’à l’âge de 13 ans.
Titulaire d’une maîtrise en affaires internationales du Schwarzman College de l’université Tsinghua à Pékin, Wilfred dit considérer les affaires mondiales d’un point de vue chinois. « J’ai parfois le sentiment de faire partie de la société chinoise », confie-t-il en passant au mandarin. « Mais je peux aussi me détacher et évaluer la culture sous un angle différent ».
Le modèle Ji, en bleu. [Provided to China Daily] |
C’est en 2017 à Hong Kong que les deux compagnons ont ouvert leur Atelier Wen – wen signifie culture – et lancé une nouvelle marque faisant la promotion de la culture chinoise traditionnelle dans le monde entier.
Collaborant avec des stylistes du Beijing Institute of Fashion Technology, ils ont élaboré leurs idées à partir de croquis et de plans préalablement à la construction de prototypes. Composants essentiels des montres, les mécanismes ont été réalisés par Peacock, un fabricant de Dandong dans la province du Liaoning, la finition étant confiée à une société d’assemblage à Shenzhen, dans la province du Guangdong.
Les deux premiers modèles de leurs montres ont été baptisés de noms poétiques chinois, Ji (le ciel après une averse ou une chute de neige) et Hao (la splendeur du blanc immaculé).
Les styles sont un mélange d’éléments chinois classiques, indique Wilfred Buiron. Les cadrans en porcelaine empruntent aux motifs bleu et blanc typiques des céramiques de la dynastie Yuan (1271-1368).
Certaines des échelles sont écrites en caractères chinois utilisant le dizhi, l’ancien système de mesure qui indique le lever et le coucher du soleil, et les symboles taoïstes bagua. Des images du Kunpeng, un oiseau géant né de la transformation d’un poisson dans la mythologie chinoise, sont gravées au dos des montres.
En novembre, les deux jeunes gens ont reçu leur premier investissement en vue d’une fabrication en série sous la forme d’un financement participatif. À l’époque, 109 751 dollars (97 067 euros) avaient pu être levés. Alors que cet article était en cours de rédaction, les deux compagnons prévoyaient une mise en vente prochaine de leurs montres en Chine sur des plateformes de commerce en ligne.