Un fauteuil fait de bois de cervidé parmi les objets exposés dans la nouvelle galerie. [Wang Kaihao/China Daily]
Le Musée du Palais à Pékin a ouvert une nouvelle section abritant des objets fabriqués de la période royale.
C’est une salle où l’on se croirait dans un magasin Ikea, sauf que l’on est en présence de pièces de style royal chinois.
Ouverte au public en septembre, la galerie de mobilier du Nandaku, un nouvel espace d’exposition doublé d’un entrepôt, s’est ajoutée aux sites à voir absolument au Musée du Palais à Pékin, qui fut le palais impérial de la Chine de 1420 jusqu’à la chute de la monarchie en 1911, et est également connu sous le nom de la Cité interdite.
Environ 400 objets des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911) sont exposés dans la nouvelle section, et 30 pièces parmi les plus en vue ont été sélectionnées pour être présentées séparément selon différents thèmes. Certaines sont rassemblées pour recréer des lieux de la cour royale – des jardins, des bureaux et des salles réservées au divertissement procuré aux empereurs par le guqin, un instrument de musique à cordes pincées.
Certains visiteurs errant parmi le mobilier ancien peuvent avoir l’impression de faire un voyage dans le temps. On peut voir la patine sur les rampes ou les éléments du cadre de la vie quotidienne des empereurs dépeints dans des tableaux anciens.
Zhao Yingying, une commissaire des expositions à la galerie, explique que les empereurs ayant régné au pinacle de la dynastie Qing – Kangxi (1661-1722), Yongzheng (1722-35) et Qianlong (1735-96) – ont été choisis comme thèmes principaux de la présentation.
Le bois de rose, ou bois de huanghuali, et le bois de santal rouge ont été utilisés pour fabriquer les objets illustrant le luxe royal, et les ornements sont faits de matériaux tels que les gemmes, l’or, le jade, les coraux, l’ivoire et les cornes de rhinocéros. On peut aussi voir dans la nouvelle galerie la technique employée jadis pour faire des laques.
« Le mobilier à l’époque de Kangxi a conservé les styles simples hérités de la dynastie Ming », commente Mme Zhao.
« Yongzheng préférait la touche sophistiquée et il a personnellement conçu une partie du mobilier. La contribution de Qianlong a été importante alors que l’artisanat parvenait à son apogée sous son règne ».
Mme Zhao précise que les meubles étaient fabriqués sur mesure pendant le règne de Qianlong, et présentaient de nombreux styles adaptés à son environnement. Parmi les collections réunies au Musée du Palais, les meubles datant de son règne sont plus nombreux que les pièces héritées de la souveraineté de quelque autre empereur que ce soit. Un trône en bois de santal rouge marqueté de jade est notamment placé près de l’entrée de la nouvelle section.
L’exposition principale est devenue un symbole du pouvoir royal. Un fauteuil, confectionné avec des bois de cervidé, était l’un des objets favoris de l’Empereur Qianlong, car celui-ci affectionnait la chasse au cerf.
Un trône de style moitié de la dynastie Qing en bois de santal rouge. [Wang Kaihao/China Daily] |
Cherchant à plaire aux empereurs, les créateurs des objets attachaient de l’importance aux détails. Par exemple, les aquariums de petits poissons avaient la forme de palais ou de pavillons.
À l’intérieur de l’entrepôt de la nouvelle galerie, Mme Zhao désigne du doigt plusieurs étagères regorgeant de surprises – un bureau incrusté d’une décoration en émaillage cloisonné et une table pour le thé de style simple correspondant au règne de l’Empereur Xuande (1426-35) font partie des pièces de mobilier les plus anciennes de la Cité interdite.
Long de 156 mètres, le Nandaku, ou « Grand Magasin du Sud », était jadis situé dans le plus grand entrepôt de la Cité interdite et est désormais partiellement visible pour les visiteurs. Il sera totalement accessible au public plus tard cette année. La Nanxundian (« Salle des Parfums au Sud »), située près du Nandaku, doit être intégrée à la nouvelle section l’an prochain.
La Nanxundian fait partie des quelques constructions d’origine subsistantes de la dynastie Ming dans la Cité interdite. La majeure partie du complexe palatial, qui s’étend sur 720 000 mètres carrés, a été incendiée au cours d’une guerre en 1644, ce qui a entraîné la chute de la dynastie, la cité étant reconstruite sous la dynastie Qing.
On dénombre environ 6 200 meubles Ming et Qing (dont 2 580 sont en bois de santal rouge), répartis dans 80 salles du Musée du Palais. « Leur diversité reflète l’esprit de l’esthétique ancienne et de l’artisanat traditionnel chinois », observe Mme Zhao.
Le directeur du musée, Shan Jixiang, indique que si son établissement contient la plus grande collection de mobilier Ming et Qing, il ne disposait pas précédemment d’un espace d’exposition réservé à ce contenu. « Des douzaines de meubles Ming et Qing ont été vendus aux enchères et les prix montent en flèche. En revanche, les meubles les plus précieux sont restés derrière des portes closes, couverts de poussière. Il est préférable de les laisser briller de nouveau ».
Environ 2 000 meubles seront exposés plus tard dans la nouvelle galerie, fait savoir M. Shan, tandis que 2 000 autres pièces de mobilier resteront dans leurs salles d’origine à l’intérieur du musée. Le reste sera présenté dans une annexe du nord qui doit ouvrir à la périphérie de Pékin.
Une visiteuse au milieu de pièces de mobilier royal des dynasties Ming et Qing à la galerie du mobilier du Nandaku à l’intérieur du Musée du Palais. [Feng Yongbin/China Daily] |