La salle de concerts de la Philharmonie de l'Elbe est devenue le nouvel édifice phare de Hambourg, où se tiendra le sommet du G20. [Xinhua] |
La stimulation d'une croissance soutenue et le perfectionnement de la mondialisation font partie des principaux points à l'ordre du jour de la Chine depuis qu'elle a passé le témoin à l'Allemagne pour l'accueil du sommet des dirigeants du G20.
Selon les responsables et les universitaires s'exprimant à propos du prochain sommet annuel du G20, qui se tiendra les 7 et 8 juillet à Hambourg, en Allemagne, une intensification des efforts à l'échelle mondiale est nécessaire pour traduire en action ce qui a été convenu au sommet de Hangzhou en septembre dernier.
L'objectif est de faire en sorte que les nouveaux moteurs de la croissance, notamment l'innovation, permettent de faire face aux difficultés économiques mondiales qui menacent, estiment-ils.
L'économie mondiale émerge d'une récession de longue durée, mais « on ne s'est pas pleinement attaqué aux déséquilibres dans la structure économique ni à l'absence de nouvelles forces motrices économiques », selon Qian Keming, vice-ministre du Commerce.
La montée du protectionnisme s'opposant à la mondialisation économique pose un nouveau défi, a estimé M. Qian au Forum des médias des BRICS qui s'est tenu à Pékin le 8 juin.
Nombre de pays sont confrontés à un choix entre l'isolationnisme et la recherche de l'ouverture et de la collaboration avec les autres pays, a mis en garde le ministre des Affaires étrangères Wang Yi dans un article publié par le magazine Qiushi en mai.
Militant pour davantage d'action concertée, les dirigeants chinois ont plaidé, lors d'importantes manifestions internationales au cours de l'année écoulée, en faveur d'un appui à la mondialisation et de la mise en place de nouveaux moteurs pour entraîner la croissance mondiale.
Lors de l'ouverture de la séance plénière de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, le 17 janvier, le Président Xi Jinping a insisté sur l'importance que revêtait la mise au point d'un modèle de croissance dynamique alimenté par l'innovation et reposant sur une collaboration systématique.
À propos du rôle de son pays, il a indiqué que la forte croissance de la Chine avait constitué un puissant moteur alimentant de manière soutenue la stabilité et l'expansion économiques mondiales, et que le développement de la Chine étroitement lié au reste du monde, tout comme celui de nombreux autres pays, avaient assuré un meilleur équilibre à l'économie mondiale.
L'un des temps forts du sommet du G20 à Hangzhou avait résidé dans l'adoption d'un ensemble de propositions relatives à la croissance alimentée par l'innovation. Évoquant la mise en œuvre des conclusions du sommet de Hangzhou, le vice-Premier ministre Liu Yandong a estimé qu'il revenait aux membres du G20 d'intensifier leurs efforts visant à mettre ces mesures en pratique.
Lors d'une réunion du G20 au niveau ministériel en novembre, Mme Liu indiqué que l'espoir reposait dans l'attachement que porteront les pays à l'innovation, à la nouvelle révolution industrielle et à l'économie numérique, à l'échange des idées, à la promotion du dialogue, à l'intégration de leurs politiques et au partage des résultats de la recherche permettant de cultiver de nouvelles activités.
Outre ses efforts visant à promouvoir la croissance alimentée par l'innovation, la Chine a déjà accueilli une manifestation multilatérale majeure cette année, et s'apprête à en recevoir une autre prochainement, dont le but est d'encourager les idées et les actions susceptibles de donner un coup de fouet à l'économie mondiale, selon les observateurs.
Le Forum Ceinture et Route pour la coopération internationale, qui s'est tenu à Pékin en mai, a produit une longue liste de propositions et une déclaration commune adoptée par les dirigeants présents.
La prochaine manifestation sera la neuvième réunion des dirigeants des BRICs, prévue à Xiamen dans la province du Fujian.
Les BRICs sont composés de cinq grands pays en développement – le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud – dont le groupement représente aujourd'hui 23% du volume économique total dans le monde, 16% du commerce mondial et 12% des investissements à l'étranger à l'échelle de la planète.
Selon Wang Yiwei, professeur à l'École des études internationales de l'Université Renmin de Chine, la contribution annuelle de la Chine à l'économie mondiale ces dernières années se situe au-dessus de 30%, et la deuxième économie du globe reste une force motrice majeure de la croissance économique mondiale.
À la réunion des dirigeants des BRICs plus tard cette année, il devrait être question du travail restant à faire pour mettre en œuvre les mesures adoptées au sommet du G20 à Hangzhou, note M. Wang.
Ding Yifan, maître de recherche en économie mondiale au Centre de recherche sur le développement du Conseil des affaires d'État, rappelle que nombre de pays développés, notamment les États-Unis et ceux de l'Union européenne, n'ont pas été d'un grand secours auprès des économies émergentes alors que les effets de la crise financière commençaient à se faire sentir en 2008.
La relance de l'ancienne Route de la soie à laquelle procède la Chine est un des moyens de dynamiser les pays en développement à forte densité de population ayant besoin de technologies et de meilleures infrastructures, estime M. Ding.
Pour répondre aux problèmes produits par la mondialisation, dirigeants et observateurs se prononcent pour un affinement des règles existantes visant à atténuer les dommages inutilement infligés aux secteurs et aux personnes vulnérables.
Dans un discours au 12ème Sommet commercial Chine-Union européenne, tenu en mai à Bruxelles, le Premier ministre Li Keqiang a affirmé que les bienfaits de la mondialisation pour la Chine, l'Europe et le reste du monde étaient évidents. Pour en réduire les effets négatifs, il convient selon lui que les pays travaillent de concert au perfectionnement du système de gouvernance mondiale, de telle sorte que la mondialisation profite mieux à l'ensemble des pays et des peuples.
Saluant le rôle joué par le libre-échange dans le monde, M. Li a jugé qu'il était difficile pour deux pays quels qu'ils soient de parvenir en permanence à un équilibre complet de leurs échanges. Tous efforts en ce sens seraient préjudiciables au processus de libre-échange.
Zhang Yuyan, directeur de l'Institut d'économie et de politique mondiales, qui fait partie de l'Académie chinoise des sciences sociales, estime qu'un des moyens de remédier aux incidences négatives de la mondialisation quelles qu'elles soient, était « d'agrandir l'ensemble du gâteau et d'aboutir à une meilleure répartition des ressources ». Pour lui, le rôle prédominant des grands pays fournira la clé permettant une bonne coordination de l'action à mener dans tous les pays.