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Un talent gravé dans un double héritage artistique

Par Deng Zhangyu(China Daily) 26-02-2016

Une exposition des gravures de l'artiste français Zao Wou-ki est organisée dans sa Chine natale deux ans après sa mort.

Deux ans après le décès de Zao Wou-ki à son domicile suisse, la ville de Nantong où il a grandi, dans la province du Jiangsu, accueille enfin une exposition de ses gravures. Alors qu'il vivait encore, l'artiste né en Chine avait souhaité qu'elle se tienne simultanément à Paris et à Nantong en 2012, mais ce n'est que récemment que l'idée a pu se concrétiser.

Un talent gravé dans un double héritage artistique

Les gravures de Zao Wou-ki sont titrées et assorties de leur date d'achèvement, comme le montrent ici une pièce datée 1974, 1987 et 1969.[Photos provided to China Daily]

Zao (1920-2013) a été une figure de proue de l'art d'après-guerre en France, pays où il a passé de nombreuses années de sa vie avant de déménager en Suisse. Né à Beijing, il comptait parmi les artistes d'ascendance chinoise réalisant les meilleures ventes dans le monde, chacune de ses œuvres allant chercher des millions de dollars aux enchères, ce qui se vérifie encore aujourd'hui.

L'exposition Zao, dont le vernissage a eu lieu le mois dernier au musée de Nantong, présente 67 lithographies, six gravures sur cuivre et sept recueils d'illustrations. Elle se poursuivra jusqu'au 25 mai. C'est la première fois que se tient une manifestation exclusivement consacrée à ses œuvres depuis la disparition de l'artiste.

Sa veuve, Françoise Marquet, qui préside également la fondation Zao Wou-ki, qualifie de « très spéciale » la présentation des gravures. La commissaire de l'exposition, Peng Chunmei, précise : « cela fait quatre ans que nous essayons de la faire venir à Nantong pour montrer en Chine » les œuvres de Zao.

Alors que celui-ci était enfant, ses parents avaient quitté Beijing pour Nantong, située à une heure et demie de Shanghai par la route. Zao étudia la calligraphie chinoise jusqu'à l'âge de 14 ans avant de partir pour la ville voisine de Hangzhou où il fit son apprentissage de la peinture à l'huile. Il se révéla comme un artiste exceptionnel capable de fusionner dans ses travaux les esthétiques chinoise et européenne. Ses huiles abstraites, d'une grande richesse dans l'usage de la couleur, de la lumière et des ombres, sont achetées par des musées et des collectionneurs privés dans le monde entier.

C'est en 1949 que Zao s'est lançé dans la gravure après son arrivée à Paris, où il vécut longtemps et se lia d'amitié avec Pablo Picasso et Henri Matisse. Il a produit plus de 400 lithographies et eaux fortes au cours de sa vie.

L'exposition du musée de Nantong est représentative des gravures qu'il réalisées entre 1949 et 2000. Tout comme ses peintures à l'huile, ces pièces sont titrées et assorties de leur date d'achèvement. Elles reflètent dans leur contenu le style de l'artiste qui consiste à marier systématiquement des éléments de l'art occidental moderne et les traditions artistiques chinoises.

Un talent gravé dans un double héritage artistique
Zao Wou-ki en 1973.

Sur plus de 160 expositions en solo organisées dans le monde de son vivant, seules quelques-unes ont été montées en Chine. Avant son départ pour la France en 1948, Zao avait présenté ses œuvres à deux reprises, à Chongqing et à Shanghai. En 1998 et 1999, des rétrospectives de 105 de ses toiles ont été présentées au musée de Shanghai et au musée d'art national à Beijing. En 2008, le musée de Suzhou a accueilli une exposition de ses gravures et de ses illustrations.

Yin Fu, un ancien directeur du Centre culturel de Chine à Paris, dit qu'il a souvent rendu visite à Zao dans la capitale française pour évoquer l'exposition de Nantong qui était en projet en 2012. « Chaque fois que je l'ai rencontré dans son salon, Zao avait une planche à dessiner sur son bureau, nonobstant ses 92 ans », explique-t-il, ajoutant que l'exposition avait été repoussée en raison de la mauvaise santé de l'artiste.

Peng Chunmei, la commissaire de l'exposition, indique que Françoise Marquet a été consultée sur la création d'un fidéicommis entre la famille et le musée de Nantong. « Au début, elle était réservée, mais aussi touchée par notre sincérité et elle voulait exaucer le vœu non réalisé que Zao avait formulé de monter une exposition dans la ville où il avait grandi ».

Mme Marquet gère la fondation qui se consacre à la promotion de la production artistique de Zao. Mise en place à Genève en 2012, l'institution a fait don, au musée Cernuschi à Paris le mois dernier, de 38 œuvres de Zao, dont des pièces originales et des objets provenant de ses collections d'art chinois. Auparavant, la fondation avait légué à un musée du centre de la France 90 œuvres d'artistes tels que Picasso, Paul Lee et Alberto Giacometti, que Zao avait collectionnées.

Certaines des gravures exposées à Nantong ont été données par le couple en 2008 au musée de Suzhou où s'est tenue, de son vivant, la dernière exposition de Zao dans son pays.

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